Ménage à trois: Episode 11 – Le ménage à trois dans la crise qui vient (première partie)
Après avoir formulé notre théorie de l’interclassisme tel qu’il se structure au présent, nous allons maintenant nous consacrer à l’avenir possible du ménage à trois de la lutte des classes. Pour des raisons de taille, nous allons découper cette section de notre feuilleton en deux épisodes. Le premier suit le plan suivant :
1 – Les capitalistes face à la crise
Episode 10 – Théorie de l’interclassisme
Dans les épisodes précédents, nous avons examiné quelques cas de luttes sociales où la CMS se bat en liaison avec le prolétariat. Compte tenu du fait que les deux classes ont des intérêts fondamentalement opposés, comment se fait-il qu’elles luttent ensemble? Jusqu’où leurs luttes communes peuvent-elles aller, et quels fruits peuvent-elles porter ? Disons tout de suite que la rupture entre les deux classes est inscrite dans la mécanique du ménage et que les luttes interclassistes sont globalement perdantes. C’est ce que nous allons mieux comprendre en examinant les choses d’un point de vue théorique. Nous procéderons selon le plan suivant :
1 – Équilibre des trois classes
- – Le ménage à trois (rappel)
- – Origine de la valeur nouvelle
- – Répartition des revenus
- – Revenu et consommation des capitalistes : l’État
1.5 – Revenus et consommation du prolétariat et de la CMS
3 – Conclusion : échec inéluctable des luttes interclassistes
Episode 9 – Printemps Égyptien 2011-2013 : splendeurs et misères du dégagisme
Dans la première partie de ce texte, il s’est agi d’identifier les composantes et le devenir du capitalisme égyptien à la veille du Printemps Égyptien, puis de reconstruire la séquence des événements qui se sont déroulés de janvier-février 2011 au coup d’État de juillet 2013 et à la période immédiatement suivante. Dans cette deuxième partie, nous nous attacherons à une analyse d’ensemble de ces événements sous leurs différentes facettes. Nous procéderons selon le plan suivant :
4 – Acteurs sociaux et politiques
Episode 8 – Printemps Égyptien 2011-2013 : de Tahrir à Rabiya (aller simple)
En raison de la longueur du texte consacré au Printemps Égyptien, nous le divisons en deux épisodes. Le premier suit le plan suivant :
1 – Éléments sur le capitalisme égyptien
2 – La chute de Moubarak (janvier/février 2011)
3 – De la chute de Moubarak à l’« été de sang » de 2013
Nous en venons au Printemps Égyptien, qui est sans doute le plus important de ceux que nous avons avons à traiter dans cette partie empirique sur les luttes de la classe moyenne, avec ou sans le prolétariat, au cours de la dernière décennie. Il serait impossible de traiter le sujet de façon exhaustive sans lui consacrer un livre entier. Nous nous sommes concentrés, dans le récit aussi bien que dans l’analyse, sur les phases et les aspects qui sont les plus fondamentaux du point de vue du thème qui nous occupe dans ce feuilleton. Nous verrons que le cas de l’Égypte présente quelques analogies avec celui de la Tunisie, dont la première est d’être un exemple d’interclassisme franc, manifeste. Mais il y a aussi des différences : l’histoire économique et sociale du pays, sa taille, la composition du prolétariat et des classes moyennes, les clivages internes à la classe capitaliste, etc. L’issue des luttes n’a pas été la même non plus. Surtout, le cas de l’Égypte fournit des indications utiles sur ce que nous appelons la rupture de l’interclassisme, lorsque la classe moyenne salariée en lutte se désengagera de son association avec le prolétariat pour se ranger derrière les militaires. Voyons ça de plus près. lire la suite…
Nous publions ci-dessous les deux premières parties d’un texte de la revue italienne Il Lato Cattivo. Ce texte a été rédigé à partir des présentations du numéro 2 de la revue. Par rapport à celle qui circule déjà sur différents sites, la présente traduction a été légèrement corrigée par les auteurs.
Introduction
Au cours des quatre rencontres consacrées à la présentation du deuxième numéro de « Il Lato Cattivo », nous avons tenté d’esquisser les contenus de la revue, ainsi que son orientation générale sous-jacente, de la façon la plus synthétique et adéquate à l’exposition orale. La forme même de la rencontre publique imposait un travail d’écrémage sur les matériaux de départ ; il en est ressorti un digest sûrement schématique et assez appauvri : pour dire tout ce qu’on aurait voulu dire, il nous aurait fallu une journée entière ; et pour le dire de la façon la plus satisfaisante, il aurait fallu de nouveau avoir recours à la parole écrite – qui a certainement beaucoup de défauts, mais permet une marge de réflexion et une recherche de la bonne formule que la parole parlée ne concède pas. lire la suite…
Ménage à trois: Episode 7 – Tunisie 2011 : entre révolte fiscale et droit au développement
Episode 7 – Tunisie 2011 : entre révolte fiscale et droit au développement
Nous abordons maintenant le cas de la Tunisie, pays où la « révolution de jasmin » éclate en décembre 2010. Elle ouvre la période dite des printemps arabes. Par rapport aux cas que nous avons traités jusqu’à présent, elle présente la caractéristique d’être franchement interclassiste. Rappelons quelques dates : en décembre 2010, la révolte éclate à Sidi Bouzid après le suicide par le feu de Mohamed Bouazizi. Elle se répand rapidement dans les villes avoisinantes, puis dans tout le pays jusqu’à Tunis même. Le 14 janvier, Ben Ali s’enfuit. Son premier ministre, Mohamed Ghannouchi1, le remplace provisoirement. Il reste premier ministre de deux gouvernement successifs (14-17 janvier 2011 ; 17 janvier-27 février 2011). Il est contraint de démissionner par des manifestations massives et le deuxième sit-in de la Kasbah (place du centre de Tunis où se trouve le siège du gouvernement). La situation ne s’est jamais stabilisée depuis 2011. Les gouvernements qui se sont succédés, d’abord dominés par les islamistes d’Ennahda, puis contrôlés par les « sécularistes » de Nidaa Tounès (parti qui regroupe beaucoup d’anciens ben-alistes) ne sont jamais parvenus à une formule de gestion unifiant les fractions socio-régionales antagoniques du capitalisme tunisien, Tunis et le Sahel d’un côté, l’intérieur et le Sud de l’autre. Ce blocage a provoqué de multiples émeutes, manifestations, grèves et sit-ins dans tout le pays, et a finalement abouti à l’explosion générale de janvier 2018.
Episode 6 – La Révolte des Tentes en Israël (2011)
Parmi les mouvements apparus après la crise de 2008, la Révolte des Tentes en Israël a souvent été négligée dans les analyses du courant communisateur. En fait, à l’exception de ce qu’en ont dit les journaux pendant quelques jours, personne n’en sait grand-chose, et il n’y a pratiquement pas d’analyses communistes sur le sujet. À l’opposé, d’autres mouvements plus modestes ont fait couler beaucoup d’encre. Des mouvements portés exclusivement par la classe moyenne salariée, mais moins massifs – Occupy, Indignés, etc. – ont donné lieu à quelques analyses dans le « milieu », tandis que sur Israel il n’y rien du tout. Cela nous incite à essayer de reconstruire le contexte, le déroulement, la composition sociale et les enjeux de ce mouvement.
Episode 5 : Iran 2009 – Faux printemps
Nous abordons maintenant un premier cas de révolte où la classe moyenne salariée se trouve pratiquement seule face à l’État. Bien que bref, le Mouvement Vert du printemps 2009 en Iran a été massif, déterminé, et très coûteux pour la CMS, en termes de tués, de prisonniers, de torturés. La rage et la détermination des enfants de la classe moyenne de Téhéran (principalement) n’ont cependant pas produit de grand changement dans la société iranienne. Au moment où nous finissons cet épisode, une nouvelle révolte éclate en Iran (décembre-janvier 2017-18). Il est trop tôt pour évaluer son impact, mais on peut dire tout de suite que les révoltés ne sont pas les mêmes qu’en 2009. Le soulèvement d’aujourd’hui est qualitativement différent de celui de 2009 (on y reviendra).
Nel testo che segue, cercheremo di comprendere la situazione di grave isolamento in cui versa la teoria comunista nella nostra epoca. È difficile, per i teorici, non vedere a qual punto il linguaggio che usano – che devono usare – risulti incomprensibile alla grande maggioranza dei proletari, anche quelli di buona volontà. Questo è vero indipendentemente dalle differenti opzioni teoriche. Tra i gruppi o gli individui che riflettono teoricamente sulla situazione attuale della società capitalistica, e sul suo superamento possibile, nessuno ha trovato il linguaggio e/o il punto di vista che gli permettano di uscire da un piccolo milieu ripiegato su se stesso. Questa situazione rimette in questione la teoria comunista nella sua specificità storica? Oppure la rimette semplicemente al suo posto?
Episode 4 : La « commune » de Oaxaca
Après avoir examiné le mouvement de 2016 contre la Loi Travail, il convient d’élargir notre regard à l’international. Il nous faudra reconstruire, au moins partiellement, la mosaïque des luttes les plus significatives qui ont eu lieu un peu partout dans le monde après la crise de 2008. Selon les cas, et à peu d’exceptions près, ces luttes ont été interclassistes ou n’ont concerné que la CMS. Elles ont touché les aires centrales de l’accumulation aussi bien que les aires semi-périphériques et périphériques, mais c’est dans ces aires semi-périphériques qu’elles ont été les plus dures et les plus massives. On en retrouve une puissante anticipation dans un mouvement qui s’est déroulé peu avant le tournant de la dernière crise, dans l’état de Oaxaca (Mexique) en 2006. C’est donc par la «commune» de Oaxaca que nous commençons cet aperçu international. lire la suite…
Episode 3: Le mouvement contre la «Loi Travail» en France (2016)
Depuis les années 1990, la France a connu un certain nombre de mouvements sociaux – contre le plan-Juppé en 1995, contre la suppression des fonds sociaux des ASSEDIC en 1997-1998 (mouvement des chômeurs et précaires), contre la réforme des retraites en 2003, encore contre la réforme des retraites en 2010. Ces mouvements sont habituellement retenus comme les temps forts de la lutte des classes en France au cours des dernières décennies. lire la suite…
Episode 2 : Pour une théorie de la classe moyenne salariée
Ainsi que nous l’avons dit dans Vessies et Lanternes, nous pensons qu’il est possible de définir de façon théorique la classe moyenne salariée (CMS). Cela consiste à placer cette catégorie de la population dans la mécanique de la reproduction du rapport prolétariat/capital. La CMS a une fonction organique dans cette reproduction. Elle n’est pas juste une couche, définie de façon forcément imprécise par son niveau de vie, qui serait proche tantôt du prolétariat, tantôt de la bourgeoisie. Le capital a besoin de la CMS, et fait ce qu’il faut pour la reproduire afin qu’elle assume toujours sa fonction. Il s’agit donc de comprendre la position et le rôle de la CMS dans la production et la circulation de la plus-value. lire la suite…
Episode 1 : Vessies et lanternes
Ce qui suit est une présentation générale des questions que nous aborderons dans le feuilleton.
1 – La classe moyenne salariée existe-t-elle?
La classe moyenne est fréquemment traitée de façon subalterne dans les recherches théoriques du « milieu » de la communisation. A cela nous voyons plusieurs raisons possibles. lire la suite…
Nous commençons ici une nouvelle série « feuilleton », consacrée à la classe moyenne dans la lutte des classes. La classe moyenne est l’objet d’une production surabondante dans la littérature politique et sociologique bourgeoise, mais est largement négligée par la théorie communiste actuelle.Nous essaierons d’y remédier. La question étant protéiforme, nous limiterons le champ à la classe moyenne salariée (CMS) dans le capitalisme d’aujourd’hui. Ses luttes sont nombreuses, parfois spectaculaires et violentes et elles éclatent partout dans le monde. Mais ce n’est pas la raison principale pour laquelle nous pensons qu’il faut se pencher sur cette question. Ce n’est en effet pas la quantité, mais la nature de ces luttes et leurs rapports avec celles du prolétariat qui sont notre préoccupation centrale. Au final, nous espérons tirer des nombreuses analyses partielles qu’il nous faudra faire une vue d’ensemble de la question de la CMS dans le contexte d’une révolution communisatrice. Les résultats auxquels nous parviendrons en chemin doivent être considérés comme provisoires et ouverts à discussion.
Dans un premier temps, nous chercherons à définir le champ et l’objet de nos investigations (Episode 1), à poser les bases d’une théorie de la classe moyenne (épisode 2), et à se servir de ces résultats pour analyser le cas du mouvement français de 2016 contre la loi El Khomri (Episode 3). Il faudra ensuite élargir nos recherches à la question de l’interclassisme et aux autres pays.
B.A. – R.F.,
mai 2017
The text below is a translation of my post Quelques précisions sur l’anti-travail initially published online by ediciones ineditos . This translation included several errors, some of them having me stating the opposite of what was meant. The translation below has been corrected accordingly, and is thus the only one being valid.
For an episode of its program “Getting Out of Capitalism,” Radio Libertaire asked me to do a presentation on anti-work, based on the pamphlet I published with Echanges et Mouvement in 2005. Upon re-reading it, I realized that there was a need to correct or clarify certain points of view expressed at the time. A few paragraphs in italics are reproduced without any change from the 2005 brochure. lire la suite…