Présentation
… jusqu’à ce que soit créée enfin la situation qui rende impossible tout retour en arrière, et que les circonstances elles-mêmes crient : Hic Rhodus, hic salta ! Voici Rhodes, c’est ici qu’il faut sauter !
Marx, Le 18 brumaire de L. Bonaparte. 1852
Jusqu’à récemment, la caractéristique de la théorie communiste a été de se structurer autour d’un programme de mesures à appliquer une fois que l’insurrection prolétarienne aurait pris le pouvoir. Le soulèvement auquel la crise du capital contraint le prolétariat aboutit, d’une façon ou d’une autre, à la prise du pouvoir politique et à la dictature du prolétariat, dictature qui, démocratique (les conseils) ou autocratique (le parti) revient toujours à déposséder les capitalistes de leur propriété et à imposer le travail à tout le monde. S’instaure alors une période de transition au cours de laquelle la société doit passer du règne de la nécessité à celui de la liberté. Tel est le schéma dit programmatique de la révolution communiste. Il est caduc.
Il s’agit maintenant de penser la révolution comme communisation. L’accumulation du capital depuis un siècle a, à sa façon, règlé le problème de la transition. La révolution n’a plus à produire les conditions du communisme, mais le communisme lui-même. L’alternative communisatrice au schéma programmatique est nouvelle à l’échelle de l’histoire, puisqu’on peut en fixer la naissance à la crise des années 1960-70. Toute révolution est un saut dans l’inconnu. Mais dès lors qu’elle n’a plus les assurances programmatiques telles que l’affirmation du prolétariat et la planification économique, la communisation doit se définir comme abolition ici et maintenant de l’argent, de la propriété, du travail, de toutes les séparations, etc… Hic salta !
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… until a situation is created which makes all turning back impossible, and the conditions themselves call out: Hic Rhodus, hic salta Here is Rhodes, jump here!
Karl Marx, The Eighteenth Brumaire of Louis Bonaparte. 1852
Until recently, what characterized communist theory was its construction around a program of measures to be applied once the proletarian insurrection has taken power. In one way or another, the outcome of the insurrection to which the proletariat is compelled by the capitalist crisis is the seizure of political power and the dictatorship of the proletariat, which always, whether democratic (the councils) or autocratic (the party), amounts to dispossessing the capitalists of their property and imposing work on everyone. At that point begins the transition period during which society must move from the realm of necessity to that of liberty. Such is the so-called programmatic schema of the communist revolution. It is obsolete.
Revolution must now be thought of as communisation. The accumulation of capital during the last hundred years has, in its own way, solved the problem of transition. Now the revolution has no longer to produce the conditions of communism, but communism itself. The communisation alternative to the programmatic schema is new on the scale of history since its birth can be dated to the crisis of the 1960’s-70’s. Any revolution is a jump into the dark. But from the moment where it looses the guidelines of the proletariat’s affirmation and of the economic planification, communisation has to be defined as the abolition here and now of money, property, work, of all the separations, etc… Hic salta!